Puissante et docile

Héritière d'une longue lignée de quatre-cylindres virils, la Yamaha XJR 1200 a le bon goût d'offrir en sus un châssis agile. Roadster équilibré, redoutablement maniable, cette Yamaha est encore largement dans le coup face à la XJR 1300.

 

Avec ses formes rondouillardes, la Yamaha XJR 1200 trompe son monde. Uneligne sobre et une finition flatteuse la caractérisent: échappement 2 en 1 chromé, logos de réservoir en relief, ailettes de cylindres polies, platines en alu brossé, et large bras oscillant en aluminium. Mais sous ses allures de jeune fille bon chic bon genre, elle cache une mécanique généreuse au souffle inépuisable. Bien rempli, très souple, voire onctueux en usage sage, le 4-cylindres de cette Yamaha XJR se réveille une fois dans les tours pour hurler sa rage. Ce moteur est une vieille connaissance. Il équipait déjà la 1100 XS dans les années 70. Il a par la suite poursuivi sa carrière, en se modernisant, avec la longue lignée des FJ 1100 et 1200. Dans ce roadster cette mécanique éprouvée développe 97 ch à 8 000 tr/mn pour un couple de 9,3 mkg à 6 000 tr/mn. Des valeurs intéressantes qui lui confèrent un rapport poids/puissance satisfaisant de 2,42 kg par cheval. Car la Yamaha XJR 1200 est lourde (252 kg) et longue (2 180 mm d'empattement). A l'instant de prendre les commandes, on ne trouve donc pas immédiatement ses marques. On se sent petit, loin du guidon, les jambes un brin écartées par un réservoir ventru. Résultat: les premiers tours de roue s'effectuent avec circonspection. Une fois lancé, les choses s'arrangent et on découvre un chassis qui ne souffre d'aucun reproche en terme d'équilibre. Le couple respectable de la XJR s'exprime dès 3 000 tr/mn. On se retrouve alors à des allures inavouables (225 km/h en pointe et 11,3s aux 400m DA) que l'on soutiendrait longtemps si l'absence de protection n'obligeait à rapidement rendre la main. Bien que maniable, la Yamaha supporte mal d'être malmenée, la masse de la machine associée à des suspensions trop souples ne facilitant pas l'improvisation. Un seul reproche, cette XJR se tord sur les gros freinages. Un défaut qui a disparu sur la XJR 1300.

Issu d'une longue lignée de quatre-cylindres de caractère, le moteur de la XJR 1200 exprime sa rage à la moindre occasion.
Avec ses impressionnants disques de freins de 320 mm et ses étriers quatre pistons, hérités de la FZR 100, la XJR possède un excellent freinage.

Silencieux chromés, platines repose-pied superbes, bras oscillant 'maousse" et deux amortisseurs à réservoir séparé, le train arrière impressionne.

CE QUE NOUS DISIONS EN 95:

"La nouvelle Yamaha excelle autant à la réaccélération qu'au freinage. Son quatre pattes musclé oublie la concurrence en performances pures mais sa fourche a du mal à digérer la puissance démoniaque du freinage.


L'avis du technicien: Une base saine .

Est-ce dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes ? Yamaha s'est inspiré de cet adage pour la XJR 1200, car c'est tout bonnement l'excellent moteur de la FJ 1200 un poil dégonflé qui est installé dans le classique cadre double berceau. Les qualités du moteur de la FJ sont reconnues. Il ne craint pas les 100 000 km, même s'il consomme un peu d'huile tout en étant relativement gourmand en essence. La chaîne de distribution tient bien le coup (70 000 km), c'est pourtant une Hy-Vo. Une XJR n'ayant pas la même vocation d'avaler les kilomètres, mais plutôt d'arracher le goudron entre deux terrasses de café, il faut être attentif à la consommation d'huile (passez un doigt dans la sortie d'échappement). De même, sollicitez l'embrayage pour vérifier l'absence de patinage "sur le couple". Il ne supporte pas indéfiniment les runs et autres wheelings.